Réalisme Magique

La Fin des temps – Haruki Murakami

La Fin des temps – Haruki Murakami

auteur

Haruki Murakami

Traductrice

Corinne Atlan

éditeur

10/18
696 pages

ISBN 

2264076542

1ère parution

1985

âge conseillé

Adulte

Genres

Science-fiction
Réalisme Magique

Quatrième de couverture

Une promenade entre deux mondes, aux frontières du réel et du merveilleux.

Dans une petite cité spectrale vivent des gens privés d’ombre et de sentiments. Parmi eux, un nouveau venu a pour tâche de lire les « vieux rêves » dans des crânes de licornes, attrapant des fragments de mémoire d’une autre vie, d’une autre dimension.
En parallèle, dans un Tokyo futur, ascétique et déshumanisé, un homme est entraîné par un scientifique dans une dangereuse expérience qui le fera plonger dans les sous-sols de la ville, animés de créature monstrueuses.

Est-ce là que se trouve la clé de l’énigme ? La solution du mystère qui lie ces deux mondes ?

La Fin des temps est le quatrième roman de Haruki Murakami, où se mêlent délicieusement, avec humour et poésie, deux mondes entre réel et merveilleux, le « Pays des merveilles sans merci » et la « Fin du monde »…

Mon expérience de lecture

Vivant un deuil intense depuis la pose du point final du tome 2 de mon conte d’Arkania, épuisée par quatre années de travail acharné sur le roman, je me sentais vide de mots, vide de mondes, vide de personnages. Il me fallait remplir à nouveau le puits de mon inspiration avant de démarrer la conclusion de ma saga de science-fiction.

Comment se nourrit mon imagination ? Comment je retrouve les ressources nécessaires pour me confronter à nouveau au néant de la page blanche ? En lisant. Tout simplement.

En lisant des textes qui me ressemblent, autant dans le style, que dans les thèmes, et La Fin des temps résonnait d’un irrépressible écho en moi avec sa double narration, ses deux mondes, ses expériences scientifiques scabreuses, sa promesse de créatures monstrueuses.

L’occasion rêvée de retrouver Haruki Murakami et son univers empreint de réalisme magique si particulier.


Voilà plusieurs années que j’avais découvert l’auteur au fil des pages de Kafka sur le rivage. Rarement un auteur m’aura autant immergée dans son imaginaire, aussi violent que poétique, d’un cruel onirisme, mais toujours teinté d’une douce magie qui confine au fantastique – voire au fantasque.

Dans La Fin des temps, premier roman long de l’auteur, deux mondes se relaient : le Pays des Merveilles Sans merci et la Fin du Monde (dont la juxtaposition forme le titre original de l’œuvre en Japonais), jusqu’à s’entrelacer.

Si, dans les premiers chapitres, il est parfois difficile de s’y retrouver entre deux narrateurs sans nom qui racontent chacun leur tour à la première personne leur expérience dans leur univers, le ton lui, est directement lancé :

Notre premier héros est accompagné par une jeune femme en rose, dont le son de la voix a été coupé, comme celui d’une télévision ou d’une radio.

Notre second protagoniste, quant à lui, doit perdre le Soleil et décrocher son ombre afin de pénétrer dans le monde qui s’ouvre devant lui.


Murakami lâche les rennes de son imagination. Sans préavis. Un novice de l’auteur pourra se trouver déstabilisé, là où les initiés retrouveront avec plaisir sa plume baroque.


Dans le Pays des Merveilles Sans Merci, le Tokyo que nous rencontrons est purement imaginaire. Notre narrateur, programmeur de son métier, utilise son cerveau comme un ordinateur grâce à un implant afin d’encoder les données secrètes d’un professeur excentrique, vivant dans une grotte, entouré de crânes. Toutefois, malgré l’aspect Cyperpunk de ce volet du récit, le quotidien de notre héros ressemble étrangement au nôtre, son appartement ressemble au nôtre, ses goûts musicaux nous sont familiers, les marques de ses vêtements et de ses boissons également.

Dans la Fin du Monde, le second narrateur évolue dans une structure plus dystopique, teintée de Merveilleux. Privé de lumière et de mémoire, il devient un liseur de rêves dans la bibliothèque de la ville.


Bref, comme souvent avec Murakami, l’extraordinaire se niche dans l’ordinaire, tout comme l’ordinaire émerge de l’extraordinaire, ce qui fait son originalité.


J’ai éprouvé, je l’avoue, quelques difficultés à rentrer dans l’histoire lors des premiers chapitres. Certains sont inégaux en terme de rythme et d’intérêt et beaucoup de descriptifs (oui, l’hôpital qui se fout de la charité, je sais) notamment avec des noms de marques à tout va, ont pu me faire tiquer. Parfois, je me demandais si Murakami écrivait sous sponsor et qu’il devait effectuer un certain nombre de placement produits.

Cependant, le style de Murakami reste absolument addictif.

Si j’ai peiné à tourner les premières pages, rapidement, le style poétique de l’auteur m’a entraînée dans ses deux barques, jusqu’à ce que je ne puisse plus arrêter de lire, prise de boulimie.

Bizarrement, ce ne sont pas les révélations qui m’ont surprises, car j’en avais deviné la plupart avant qu’elles ne surviennent, mais plutôt cette capacité que Murakami a d’accrocher son lecteur pour ne plus le lâcher.

Son imagination est si riche, si foisonnante, qu’elle est véritablement le twist du livre, bien au-delà de l’intrigue, finalement assez simple à dénouer et dérouler.

Photo E.R. Link – © janvier 2022

Mon avis

En dépit d’un début qu’il m’a fallu apprivoiser, une fois entrée dans le livre, malgré ses longueurs, malgré son aspect décousu, le roman se révèle addictif.

Murakami, au-delà de l’histoire, touche à des thèmes universels en pénétrant directement le subconscient du lecteur, afin de lui faire vivre son expérience de lecture comme celle d’un rêve (ou d’un cauchemar).

Si, en toute honnêteté, j’ai préféré Kafka sur le rivage, je ne regrette absolument pas cette lecture. Des retrouvailles avec Haruki Murakami si réussies pour ma part qu’elles ont entraîné, comme vous le constaterez, un cycle de lecture autour de cet auteur.


Verdict

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