1Q84 – Haruki Murakami

auteur
Haruki Murakami
Traductrices
Hélène Morita
Yoko Miyamoto
éditeur
Belfond
1632 pages
ISBN
#1 2714447074
#2 2714449840
#3 2714449859
1ère parution
2009
âge conseillé
Adulte averti
(sexualité crue)
Genre
Réalisme magique
Quatrième de couverture
Le passé – tel qu’il était peut-être – fait surgir sur le miroir l’ombre d’un présent – différent de ce qu’il fut ?
Un événement éditorial sans précédent
Un roman d’aventures
Une histoire d’amour
Deux êtres unis par un pacte secret
Dans le monde bien réel de 1984 et dans celui dangereusement séduisant de 1Q84 va se nouer le destin de Tengo et d’Aomamé…
Mon expérience de lecture
Le problème, avec Murakami, c’est qu’une fois un de ses livres refermé, les engrenages de l’addiction se mettent à jouer dans nos entrailles jusqu’à nous contraindre à en ouvrir un nouveau. Même si je n’ai pas sauté au plafond à la lecture de La Fin des temps, le manque brutal du style, des mots de Murakami m’ont poussée à m’engager dans un cycle autour de l’auteur (jusqu’à l’overdose, comme vous le découvrirez au fil des prochaines chroniques – avis de spoil ! Oups… trop tard… Fallait le dire avant…).
Atteinte donc d’une sorte de boulimie, j’enchaîne avec 1Q84, l’un des plus gros best-sellers d’Haruki Murakami en terme de ventes autant que de pages (3 tomes à la suite, soit 1632 pages d’affilée – non, je ne la ramènerai pas, vu la perspective du nombre de pages total des 3 tomes d’Arkania. Ce serait vraiment l’aveugle qui blâmerait la mauvaise vue du borgne !).
Ah, on est en manque ou on ne l’est pas, mon bon lecteur !
Ayant englouti en un mois 5 textes d’Haruki Murakami, aux thèmes proches de par leur genre, aux personnages souvent sans nom, aux petits tics d’écrivain redondants d’un livre à l’autre, j’espère ne pas m’embrouiller entre les intrigues pour vous rédiger cette chronique (et les prochaines).
C’est ça le problème d’enchaîner le même auteur sur une courte période.
On finit par accumuler ses mécanismes, ses obsessions, ses fantasmes, ses travers, dans un sac mental que l’on secoue si bien qu’il est parfois ardu de se rappeler de quel ouvrage est tiré tel passage.
Pardon d’avance si quelques détails d’un autre titre se glissaient accidentellement dans la mauvaise chronique.
Comme pour La Fin des temps, le récit alterne 2 voix dans les 2 premiers tomes : celles d’Aomamé et celle de Tengo, auxquelles s’ajoutera une troisième dans le dernier tome (un personnage auquel Murakami semble s’être curieusement amouraché, puisque déjà présent dans les Chroniques de l’oiseau à ressorts).
Tout semble séparer Aomamé et Tengo. Bien qu’habitant tous deux à Tokyo, ils ne vivent pas dans le même monde :
celui d’une masseuse aux doigts magiques qui se mue en tueuse à gages la nuit pour Aomamé.
celui d’un écrivain qui n’a encore publié aucun texte, en dépit de son talent, pour Tengo.
Évidemment, leurs voix et leurs histoires vont s’entremêler par un biais extraordinaire (sinon il n’y aurait pas d’intérêt à rédiger 1600 pages en alternant ces personnages).
Tous deux perdus dans une autre réalité – le monde qu’Aomamé nomme 1Q84 –, pourtant à quelques détails près semblable à la nôtre – du moins celle de 1984, année où démarre le récit –, ils vont effectuer un voyage spirituel dans le vécu de leur enfance.
C’est au plus profond de leur subconscient qu’ils seront invités à se rejoindre, leur enfance les ayant déjà liés physiquement.
Au milieu d’un quotidien banal, surgira l’effrayante magie, nichée dans les recoins et les personnages les plus inattendus.
Le voyage allégorique de l’un va empiéter sur la vie de l’autre. Le passé de Tengo s’imbriquera dans celui d’Aomamé, tout comme celui d’Aomamé trouvera corps à travers les expériences étranges, à la limite du fantastique que rencontrera Tengo.
C’est la lente construction de l’être que nous conte Murakami, le deuil de l’enfance et de nombre de ses traumatismes, mais aussi à travers la quête de ce qui se révélera essentiel : l’amour.

Mon avis
Comme pour La Fin des temps, il m’a fallu un certain temps avant d’entrer pleinement dans le récit. Même si, cette fois, les deux voix sont plus claires, et que leur lien intervient assez rapidement.
J’ai comme toujours adoré le style addictif de Murakami et ce talent incroyable qu’il possède en matière de comparaisons. Ma mémoire conserve la mélodie harmonieuse de certaines phrases, composées comme une symphonie (ou une Sinfonieta – clin d’œil à qui plongera dans l’aventure).
Quelques bémols toutefois. J’ai parfois le sentiment que Murakami écrit trop en roue libre. Beaucoup de pistes narratives sont lancées, mais ne sont au final pas exploitées, ce qui amène le lecteur à se demander où il voulait en venir.
Tout comme la sensation d’inachevé une fois atteint le terme du roman. Comme si Murakami arrêtait son histoire une fois son imagination tarie.
Si la magie et le fantastique surgissent de façon débridée et inattendue dans ses textes, ses fins arrivent de même. En plein milieu d’un paragraphe. Sans réelle conclusion.
En revanche, attention à l’âge du lectorat ! De nombreuses scènes de sexe très crues sont présentes au fil du roman (dont une qui m’a choquée, je le reconnais. Enfin, choquée est peut-être un peu fort. Disons une scène malaisante – il paraît qu’on a le droit d’utiliser ce mot à présent, donc je m’en saisis comme d’un nouveau jouet). À ne pas mettre entre toutes les mains.
Je ne suis pas certaine que je recommanderais cette lecture pour débuter avec Murakami. Je l’adresserais plutôt à un public déjà initié à son univers. Commencez par La Fin des temps ou Kafka sur le rivage, si vous désirez découvrir l’ambiance Ghibli glauque qui émane de l’œuvre d’Haruki Murakami.
Verdict
