Science-Fiction

Dune #1 – Frank Herbert

Le Cycle de Dune – Frank Herbert
#1 Dune

auteur

Frank Herbert

Traducteur

Michel Demuth

éditeur

Pocket
352 pages

Genre

Science-fiction

ISBN 

2266155482

1ère parution

1965

âge conseillé

à partir de 16 ans

Quatrième de couverture

Il n’y a pas, dans tout l’Empire, de planète plus inhospitalière que Dune. Partout des sables à perte de vue. Une seule richesse : l’épice de longue vie, née du désert, et que tout l’univers achète à n’importe quel prix.
Richesse très convoitée : quand Leto Atréides reçoit Dune en fief, il flaire le piège. Il aura besoin des guerriers Fremen qui, réfugiés au fond du désert, se sont adaptés à une vie très dure en préservant leur liberté, leurs coutumes et leur foi mystique. Ils rêvent du prophète qui proclamera la guerre sainte et qui, à la tête des commandos de la mort, changera le cours de l’histoire.
Cependant les Révérendes Mères du Bene Gesserit poursuivent leur programme millénaire de sélection génétique ; elles veulent créer un homme qui concrétisera tous les dons latents de l’espèce. Tout est fécond dans ce royaume, y compris ses défaillances.
Le Messie des Fremen est-il déjà né dans l’Empire ?

Mon expérience de lecture

J’entends parler de Dune depuis ma plus tendre enfance. J’étais déjà familière d‘Arrakis, des vers des sables, de l’épice ou de Paul. On m’en a parlé et reparlé, nourrissant mon imaginaire à travers des discussions de passionnés, de geeks ou mes tentatives de visionnage de la version de David Lynch, sortie en 1984.

C’est donc naturellement que j’ai voulu puiser l’épice à sa source pour confronter mes représentations avec sa réalité. Celle de ma propre interprétation.

J’ai donc lu le T1 du Cycle de Dune. Et là, comme toute œuvre portée aux nues jusqu’à en être canonisée, il est arrivé ce qui devait hélas arriver : la déception.

Dès le début, je me suis retrouvée face à un texte pompeux. Alors oui, Frank Herbert a créé une géopolitique, un monde, des peuples, des rites et le vocabulaire qui va avec, mais il ne donne aucune clé pour rendre sa mythologie lisible.


Tout se prend au sérieux. Chaque réflexion est tournée comme un apophtegme. Comme si Herbert proposait, avant l’heure, des panneaux Facebook à chaque phrase qu’il écrivait.


Je suis curieuse de découvrir l’adaptation de Denis Villeneuve et comprends mieux les échecs des précédentes versions cinéma. Dune est un pur produit littéraire qui ne peut être abordé que dans son art.

Les monologues intérieurs ne sont pas adaptables sur un écran. Car il y a très peu d’action quand on analyse le texte de plus près, et cette action n’est pas photogénique.
L’épreuve du Gom Jabbar par exemple : la main dans une boite, une aiguille près du cou, ce n’est pas spectaculaire.

Le cinéma est un art du spectacle, donc du spectaculaire.
Le cinéma ne montre que du visible, là où l’essence du livre réside dans l’invisible, la philosophie, les conflits intérieurs que l’on lit en tant que lecteur omniscient.

Photo  E.R. Link –  © août 2021

Mon avis

Suite à une discussion avec mon amie Jessica Villeneuve (artiste peintre de talent, dont je vous conseille de découvrir le travail), j’ai appris que le texte avait connu une nouvelle traduction à l’occasion la sortie du film, plus fluide. Peut-être la mienne datait-elle un peu. Détail qui me permet de saluer au passage le travail, souvent invisible, des traducteurs. Bravo et merci à vous.

Cet aparté réalisé, je replace Dune dans son contexte. Je mesure à quel point ce texte est fondateur de la SF moderne, quelle que soit la traduction. Néanmoins, je ressors mitigée de ma lecture. Je respecte et m’incline face au travail incommensurable de Frank Herbert, mais je trouve regrettable qu’il l’ait rendu aussi cryptique.

Si on zappe les appendices sur l’écologie de Dune, les motivations du Bene Gesserit ou le lexique de l’impérium, on passe à côté des aspects les plus intéressants de l’œuvre. En gros, il faut lire le mode d’emploi à la fin, avant de s’attaquer au début du livre et de vivre l’aventure.

Hélas, pour un néophyte qui lira (comme moi) dans l’ordre le livre, Herbert semble s’adresser à une élite, donnant aux autres lecteurs (comme moi) le sentiment d’être des parias au QI d’huître.

Résultat : je suis passée à côté de ma lecture. Sans doute me risquerai-je un jour sur le tome 2, avec un texte toiletté et plus moderne. Affaire à suivre…

Verdict

Edit

J’ai rédigé cet article en août 2021 et l’ai publié sur Babelio avant la sortie du film. J’ai depuis visionné la version de Denis Villeneuve et peux compléter cette chronique.

Pour tous ceux que la lecture de cet avis décourageraient dans leur projet de lecture, je vous invite à visionner le film en guise d’entrée en matière. Denis Villeneuve est extrêmement fidèle à la première moitié du tome.

Malgré la longueur du film (2h35), je ne me suis pas ennuyée. Cependant cette fidélité à un prix : l’ensemble reste pompeux, grandiose et relativement froid (ce qui est un paradoxe quand on connaît le climat d’Arrakis).

Une entorse au texte est à relever toutefois : bien qu’ils tentent de rester de marbre, les acteurs laissent entrevoir des émotions sur leurs visages (rappelons que, dans le livre, les personnages ne doivent jamais afficher leurs émotions, d’où les constants monologues intérieurs pour parvenir à les cerner). Quelque part, cet écart du matériau originel n’est pas plus mal, car le résultat aurait été sans âme, n’en déplaise aux puristes.

Le film est une bonne initiation à l’univers d’Herbert, en dépit de ses défauts, et très certainement une bonne entrée pour accéder à la lecture du cycle.

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