Chroniques de l’oiseau à ressort – Haruki Murakami

auteur
Haruki Murakami
Traductrices
Corinne Atlan Karine Chesneau
éditeur
Points
864 pages
ISBN
2020686252
1ère parution
1994
âge conseillé
à partir de 16 ans
Genre
Réalisme magique
Quatrième de couverture
Le jour où sa femme disparaît inexplicablement, la vie de Toru Okada bascule – et emporte avec elle les repères du monde. C’est dans une réalité qui s’enfuit sous d’excentriques mirages que le jeune homme s’éveille un matin. Un théâtre d’ombres débutant par de mystérieux coups de téléphone, et où se croisent peu à peu des êtres déroutants, inclassables, aux confins d’un univers guidé par le chant d’un oiseau à ressort…
« Haruki Murakami crée des univers dont on est aussitôt prisonnier… Le charme opère : on est absorbé par cette lecture qui tient du manga et de l’uchronie, mais aussi et surtout par une atmosphère qui n’appartient qu’à Murakami. » Amélie Nothomb, Le Monde des Livres.
Mon expérience de lecture
Accro au style Murakami, j’enchaîne les titres avec insatiabilité. Me revoilà donc perdue dans un nouveau texte, comme une boulimique sur un paquet de cacahuètes. Oh ! Il en reste encore une ? Et encore une ? Bon, je commence à avoir le bide qui se tord, mais le sachet est presque fini, ce serait dommage de laisser ça…
Bref, vous l’avez compris, les Chroniques de l’oiseau à ressort ont suivi La Fin des temps, Profession romancier et les 3 tomes d’1Q84. Ça commence à chiffrer. Mais pas assez pour m’arrêter. J’ai une tendance jusqu’au-boutiste. Tant que la nausée m’épargnera, je continuerai.
Toru Okada est un jeune homme au chômage, marié, vivant une vie tranquille dans un petit pavillon de la banlieue Tokyoïte. Comme la plupart des héros de Murakami, il va se retrouver au cœur d’une réalité alternative, suite à la perte de son chat – pour débuter –, puis de son épouse.
Sa recherche le conduira à côtoyer une galerie de personnages étranges, loufoques, parfois nocifs, souvent violents (attention des scènes choquantes ou dérangeantes sont présentes au fil du récit) aux intentions absconses et aux comportements ambigus. Nous retrouvons à ce propos, un personnage qui sera présent dans 1Q84.
Dépassé par les événements, Toru Okada apprendra à se recentrer, à redécouvrir l’essentiel, et surtout à se découvrir lui-même.
Encore une fois, Haruki Murakami floute les frontières entre rêve et réalité, souvenirs et rêve, souvenirs et réalité, mêle le fantastique au réel… Le réel au fantastique… les personnages flottent d’un monde à l’autre sous les yeux désabusés de notre héros qui, pour mieux appréhender les événements autour de lui, devra élargir sa vision du monde afin de naviguer lui aussi au milieu des chemins étranges tracés devant lui.
Toru est finalement si ordinaire, que le lecteur s’identifie très facilement à ce personnage. J’ai ainsi fini par me perdre dans les jonctions et bifurcations des pistes que Murakami ouvrait pour déboucher, bien souvent, au sommet de falaises sombrant dans le néant. Car, une fois encore, Haruki Murakami lance une foule d’intrigues qui resteront inexplorées.
Toutefois, si on veut apprécier l’univers de Murakami, en tant que lecteur, nous aussi devons apprendre à nous recentrer et à lâcher prise. Nous devons suivre les traces de Toru et élargir à notre tour notre vision du monde. Certaines choses ne peuvent et ne doivent pas être expliquées. Elles sont.
Il faut accepter de ne pas avoir de réponse, de se laisser bercer par la musicalité des mots sans trop savoir où l’on va, ni chercher à comprendre.
Reste alors la quintessence du récit, les détails si profondément humains qui exsudent du texte, au fil des anecdotes que Murakami nous livre.

Mon avis
Pour tous ceux qui apprécient l’auteur, ce livre représente une des pierres angulaires de son œuvre avec Kafka sur le rivage. Le réalisme magique imprègne chaque mot du récit, chaque action des personnages, et nous pénétrons toujours plus profondément l’univers unique de Murakami, comme Toru plonge dans son puits.
Très honnêtement, il s’agit d’un bon texte d’Haruki Murakami, fidèle à sa patte, mais là je commence à saturer. En 3 semaines, j’ai avalé 3 400 pages du maître. Autant dire que l’indigestion me guette.
Malgré ses grandes qualités littéraires , les petits tics de l’écrivain me sautent à la figure.
Tous ses héros ont lu les Frères Karamazov (je vous jure, c’est systématique !).
Toutes les filles désirables ont de belles oreilles (c’est quoi ce fantasme chelou, M. Murakami ? Bon, en même temps, un fantasme c’est toujours chelou, me direz-vous).
Tous ses personnages éprouvent un besoin bizarre d’énumérer les marques qu’ils consomment, des vêtements aux cigarettes, en passant par les boissons.
Si le décor des récits reste Tokyo et le Japon, les musiques, les films, les marques sont très occidentales. Parfois, je me demande si ça se passe vraiment au Japon. On pourrait remplacer Tokyo par New-York, l’intrigue n’en serait pas spécialement perturbée.
De plus, cette manie que Murakami a de laisser la moitié de ses intrigues en suspens, ou de bâcler ses fins commence à me chiffonner.
Attention. J’aime toujours l’imagination foisonnante de Murakami, son talent de la comparaison et des métaphores, l’onirisme malsain qui se dégage de ses mots. C’est juste qu’après 3 400 pages, je le vois venir à 10 kilomètres.
Cependant, soyons honnête, en dépit des petits travers qui m’ont titillée et qu’un autre lecteur n’aura pas relevé (car n’aura pas enchaîné au même rythme la même quantité de texte), j’ai apprécié ma lecture. Le style de Murakami a ce je ne sais quoi d’envoûtant qui vous retient prisonnier de ses pages dès que l’on est entré dans le récit.
Bref, une drogue restant une drogue, je sais déjà que je vais consommer un autre livre de l’auteur. Encore un… Juste histoire de tester la résistance de mon système digestif.
C’est aussi ça la magie (ou le mystère) Murakami : son déroutant pouvoir addictif.
Verdict
